Titre de votre image ici

Un mercredi, une œuvre 12/12

Dans notre série Un mercredi, une œuvre, nous présentons aujourd’hui La persistance de la mémoire de Salvador Dali. Cette très petite œuvre mesurant 24 x 33 cm et peinte en 1931 est indubitablement l’huile sur toile la plus connue de l’artiste. Appelée populairement Les montres molles, cette toile de Dali est un des symboles du surréalisme et, plus encore, une référence de l’histoire de l’art. 

En 1931, Dali intègre à peine le groupe des surréalistes et développe sa propre méthode de création appelée « paranoïa-critique » s’agissant selon lui d’une « méthode spontanée de connaissance irrationnelle fondée sur l’association interprétative-critique des phénomènes délirants ». Pour faire simple, Dali s’inspire de ses hallucinations qui le mènent à une association d’idées qu’il reproduit sur la toile.

Alors qu’il n’a que 27 ans, Dali est déjà très tourmenté par la mort et le temps qui passe. Dans son autobiographie, La Vie secrète de Salvador Dali, l’artiste explique qu’en finissant de diner, un soir comme les autres, il a été captivé par le camembert coulant qui se trouvait encore sur la table, de là est né son intérêt pour les « problèmes posés par le super mou ». À ce moment, il décida de compléter le paysage sur lequel il travaillait, une vue du Port Lligat en Catalogne, par ces montres molles.

Les montres, déformées et arrêtées, perdent leur rôle principal de donner l’heure et de capter par conséquent l’écoulement du temps. Ce qui est suggéré est de se libérer de ce quotidien régi par le temps qui passe et de se laisser aller au rêve, à l’évasion car sans montre, le temps devient éternel. Une première montre est retournée et recouverte de fourmis, symbole chez le peintre de putréfaction, de décomposition voire même de mort. La mouche sur la montre adjacente représente quant à elle le temps qui s’envole, qui fuit, presque impossible à rattraper. On voit également une forme étrange au centre avec un œil fermé représentant probablement l’onirisme intérieur. Cette silhouette est le sujet principal du tableau, représentée en forme de fœtus, synonyme de naissance, de renouveau, elle est mise en opposition à différents symboles de la mort, comme l’olivier stérile, en fin de vie, sur la gauche du tableau. 

Peintre, sculpteur, graveur, scénariste et écrivain catalan, Salvador Domingo Felipe Jacinto Dali i Domenech est le représentant incontesté du surréalisme et certainement un des peintres les plus importants du XXème siècle. Orateur d’exception, son personnage à la moustache unique est identifiable entre mille et soulève jusqu’à aujourd’hui l’admiration des foules. Lorsqu’on lui demande de faire une critique de son travail, il s’empresse : « de ma peinture, je dirais que mon œuvre picturale est une grande catastrophe, parce que je considère que nous, tous les peintres modernes, sommes englobés dans cette grande décadence qui caractérise nos jours ».

C’est ça la touche Dali, beaucoup de mots, imbriqués les uns aux autres et formant des phrases aussi surréalistes que ses tableaux. Des mots, il en manie autant que ses pinceaux. Le ton qu’il utilise, presque chantant, d’une voix grave à l’accent propre lui permet de dire tout, puis n’importe quoi à la fois. Alors, lorsqu’il se décrit comme « ectoplasmiquement transcendantal voire même subséquemment strangéiforme », personne ne sait ce qu’il dit, et pourtant, tout le monde le comprend.
 

Retour